"Dessiner ou écrire c'est miraculeux" : le dessinateur belge Marc-Renier au collège

Marc-Renier est connu pour avoir débuté sa carrière dans le célèbre journal de Tintin avec des contes et légendes du moyen âge. Depuis son style a évolué avec, notamment, des BD sur le masque de fer ou l'Ouest américain et surtout son dernier ouvrage sur le réputé peintre symboliste autrichien Gustav Klimt.

Invité au festival consacré à la bande dessinée Bulle Berry qui se tenait à Bourges du 3 au 4 octobre, il a fait un détour par le Colombier le vendredi 2 octobre 2020 afin de rencontrer la classe de 5ème de Madame Jaëgy (arts plastiques).
Retour en texte et en photos sur la rencontre et l'atelier qui a suivi.



Quand avez-vous réalisé que vous aviez du talent pour le dessin ?

Cela vient de mon enfance. J'allais souvent en promenade avec mon grand-père et en rentrant, je dessinais ce que je voyais : des nids de merle, des chevaux qui tiraient une charrette. Mon grand-père s'en tenait lui à des arbres et des corbeaux mais il m'encourageait beaucoup.

J'ai fait trois années d'études aux Beaux-Arts de Liège. Il faut vraiment avoir envie de dessiner, chose que je fais depuis tout petit sans me poser de question.

Depuis quand dessinez-vous de la BD ? Qu'est ce qui vous a donné envie de faire ce métier ?

Elle est partout, à bien y regarder et derrière le dessin, l'homme raconte quelque chose. Il suffit de regarder les hiéroglyphes ou les peintures de la Grotte Chauvet...

Dessiner ou écrire c'est miraculeux, il ne faut jamais abandonner ça, il faudrait toujours avoir un carnet et un crayon dans sa poche.



Quelle est votre bande dessinée préférée ?

Je ne suis pas fanatique d’Hergé comme beaucoup, mais j’adorais Tintin au Tibet enfant. Je trouve la dernière case exceptionnelle (celle où l'on voit la caravane s’éloigner et le Yéti la regarder depuis un rocher).

Dans les mangas, j'aime bien le travail de Naoki Urasawa (auteur entre autres de Monster) que je connais et que j'apprécie.

La BD est devenue non pas adulte parce que le mot n’est pas le bon mais elle est devenue planétaire. Pendant très longtemps, c’était un art très masculin mais de nombreuses autrices émergent avec une vision nouvelle, avec d’autres sujets et c’est très bien. Elles raflent de nombreux prix.


Avez-vous un thème récurrent ?

Au tout début j’étais fort intéressé par le Moyen Age et puis j’aime dessiner les animaux. Mais d’autres époques m’intéressent, notamment celle de Louis XIV sur laquelle j’ai travaillé ou encore la conquête de l'Ouest.

Comment se lance-t-on dans la BD ? Se fait-on repérer dans des concours ?

Il y a une telle masse que c’est compliqué d’autant qu’un jury est constitué de personnes avec leur sensibilité propre et cela peut parfois bloquer alors que votre BD est réussie.

Pour les éditeurs, il faut leur proposer ce que l’on appelle un « book » où vous y présentez vos travaux. Ce qui compte enfin, c’est de foncer, de croire en soi et de ne surtout pas douter parce que vous douterez tout de même ! (rires)

Combien de temps vous faut-il pour réaliser un album ?

Il me faut entre 8 mois et un an pour réaliser une BD de 46 pages (après calcul, Madame Jaëgy fait remarquer que c’est près de 8 jours par planche). Pour réaliser ma bande dessinée sur le peintre autrichien Gustav Klimt, j'ai mis près de 3 ans, ce qui n'arrangeait pas mon éditeur.


Je dessine de façon réaliste, je fais un important travail de recherche et d’imprégnation. Pour travailler sur Klimt, je suis allé à Vienne et j'ai beaucoup écouté de musique classique allemande. Lorsque j'ai été accueilli au Canada pour une résidence d'artiste, j'expliquais à mon éditeur qu'y être allé m'a permis de dessiner vraiment "le vent québecois". Je mets aussi beaucoup de temps car je réalise un long travail de documentation et j'aime dessiner à partir d'objets comme des épées et d'autres objets que je trouve dans les brocantes.


Est-ce difficile de vivre de votre art ? Disons que c'était plus facile il y a 30 ans mais le marché de la bande dessinée a évolué. Avant c'étaient de grandes familles avec des patrons passionnés qui avaient créé les grandes maisons comme Dupuis, le Lombard, Casterman... Désormais, ce sont les financiers qui sont au pouvoir : ils ont moins la passion et veulent faire surtout des bénéfices. Il est de plus en plus difficile de négocier son contrat mais on s'en sort, il faut juste beaucoup de persévérance et de volonté !



Bonus :

Secrets de dessinateur : Marc-Renier dessine sur des feuilles de papier épais et utilise différents outils : crayon à papier, stylos de la marque Rotring et un petit rasoir pour effectuer des retouches sur ses dessins ! Pour Klimt, il a recouvert sa feuille d'une couche de latex avant de dessiner entre autre au stylo BIC et a mis entre 3 et 6 mois pour affiner l'usage de cette technique.

L'article paru dans l'édition du 3 octobre du Berry Républicain et disponible en ligne à l'adresse suivante : https://www.leberry.fr/dun-sur-auron-18130/actualites/un-auteur-de-bd-en-visite-au-college_13847093/


Auteur: Webmaster

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